Julien Bouillon possède l’art de concilier les contraires : à la fois « sémionaute », pour reprendre un terme de Nicolas Bourriaud dans Postproduction, naviguant dans une mer de signes, de symboles, reconfigurant leur structure par des combinatoires quasi oulipiennes ou néo-conceptualistes (comme lorsque il extrait des phrases de la Lettre à Louis Althusser (1963) de Jacques Lacan pour les reporter sur les mur de la galerie en lettres adhésives dans une exposition collective, interagissant avec les œuvres présentes), il peut avec désinvolture devenir craftman et se saisir de savoir-faire immémoriaux comme la peinture, la céramique ou la sculpture sur os. En peignant sur toile de manière hyperréaliste la carte postale d’une peinture abstraite, une collection de pièces de monnaie anciennes ou en interrogeant le grid system qui préside au webdesign, Julien bouillon s’affirme comme un artiste anthropologue prenant en compte toutes les époques et tous les aspects de notre espace construit.
Yann Ricordel, 2011